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Un exemple d’OPA en zone Office du Niger : la Fédération des Centres Faranfasi so

mercredi 16 février 2011, par virginie


L’affirmation de l’engagement des producteurs de la zone Office du Niger.

Les centres Faranfasi so, c’est-à-dire "la maison qui éclaire", ont vu le jour en 1995 dans le cadre du projet Centres de Prestations de Services financé par l’Agence Française de Développement, dans un contexte de crise marqué par :
- l’achèvement du désengagement de l’Office du Niger désormais recentré sur la gestion de l’eau et des terres, et le conseil rural, suite au transfert des fonctions de battage, de commercialisation et de gestion de crédit aux organisations de producteurs et au secteur privé,
- l’endettement exorbitant des organisations paysannes à hauteur d’environ 3 milliards d’impayés, avec son corollaire d’arrêt de crédit pour 80% d’entre elles qui connaissaient par ailleurs de graves dysfonctionnements.

Ainsi, un centre naquit au niveau de chaque zone de l’Office du Niger. Les cinq centres se regroupèrent en 2001 au sein d’une fédération pour assurer la relève du projet arrivé à terme.

Depuis 2004, cette fédération est un partenaire privilégié de la Chambre Régionale d’Agriculture de Ségou, d’abord dans le cadre du PASAOP, puis du Programme d’Appui au Développement Economique de la zone Office du Niger (PADON). Aujourd’hui, Faranfasi so est un acteur incontournable dans le développement de la zone Office du Niger. Elle dispose d’une expertise avérée dans le domaine de l’appui en comptabilité/gestion, de l’appui juridique, de l’appui aux groupements féminins, du Conseil aux Exploitations Familiales (CEF), et de l’alphabétisation en langue nationale bamanan.

Depuis 2006 que dure le partenariat avec la CRA dans le cadre du PADON, Faranfasi so a enregistré des avancées certaines dans ses domaines de compétence. Entre autres, on peut retenir :
- l’évolution positive du nombre d’adhérents qui est passé de 103 en 2006 à 306 aujourd’hui, dont 155 groupements de producteurs/associations villageoises/tons villageois et 151 groupements féminins. A ceux-ci s’ajoutent 346 exploitations familiales inscrites en Conseil à l’Exploitation Familiale. Il convient de souligner que Faranfasi so ne couvre pas encore Ké-Macina et Bewani.
- l’assainissement des dettes antérieures des OPA : au cours de ces cinq dernières années, les OPA membres de Faranfasi so ont remboursé 167 millions sur les arriérés dûs aux institutions de financement.
- l’accès au crédit : de 2005/2006 à 2008/2009, les OPA membres de Faranfasi so ont mobilisé au total 3,24 milliards de FCFA, pour un taux de remboursement dépassant 96%. Elles bénéficient en moyenne d’environ 30 % des 3 milliards de FCFA octroyés annuellement au titre du crédit de campagne en zone Office du Niger. Le crédit d’investissement (batteuses, magasins) dépasse 90 millions de FCFA. Le crédit aux groupements féminins est passé de 15,70 millions de FCFA en 2006 à 114,25 millions de FCFA en 2008 entièrement remboursés.
- la maîtrise des activités économiques comme le battage qui procure à lui seul des résultats annuels moyens par OPA de plus de 2,5 millions FCFA.

Ces résultats positifs sont atteints grâce à :
- l’engagement des producteurs qui se sont bien appropriés le dispositif de pilotage,
- la qualité des prestations axées sur les besoins réels des producteurs et de leurs organisations,
- la prise en charge partielle des services par les bénéficiaires à travers le paiement de cotisations (31 millions payés en 2010).


Les services de base rendus par Faranfasi so

APPUI CONSEIL EN GESTION ET APPUI-CONSEIL JURIDIQUE

Ces appuis concernent les Associations Villageoises, Ton Villageois, les Coopératives, Groupements d’Intérêt Economique (organisations de classe 1 suivant la nomenclature de Faranfasi so) et sont réalisés à l’heure actuelle par 5 conseillers en gestion renforcés par 5 assistants, et 2 conseillers juridiques.

Ces appuis s’organisent dans un cadre cohérent en prenant des OP à la base ayant des difficultés et en les faisant passer progressivement à un niveau où elles peuvent envisager de se développer. Ces appuis sont ciblés tant les aspects économiques et de gestion que sur les aspects de cohésion sociale, de fonctionnement et d’organisation de l’OPA.

Les OP de type 1 sont les OP en plus grandes difficultés, le plus généralement non fonctionnelles, souffrant d’un manque de cohésion interne et très endettées. Les premières activités menées auprès de ce type d’OP sont la réalisation d’un diagnostic, la mise en place d’un registre des membres, la clarification des dettes externes et internes. Les conseillers participent en tant que médiateur aux concertations entre les institutions de financement et les OP endettées, au cours desquelles des plans de rééchelonnement triennaux sont élaborés. Des commissions de recouvrement sont alors mises en place avec l’aide des conseillers dans les OP. Les impayés sont recouvrés en riz paddy, soit par les OP à travers les frais de battage, soit par les exploitants individuels dont le taux le fixé par hectare.

Une fois ce travail initial mené, les OP passent en type 2. Les appuis concernent alors la formation générale du comptable, la mise en place des outils de gestion et le suivi de leur utilisation, la mise en place du règlement intérieur et des statuts, la formation des organes de l’OP, le recouvrement des créances et contentieux.

Peut alors commencer l’appui à la mise en œuvre d’activités économiques au sein de l’OP : recherche de crédit « intrant » et « équipement », montage de dossier de demande de financement, élaboration des protocoles de battage et production des comptes battage, élaboration des contrats de commercialisation,…. Parallèlement, est toujours recherchée une meilleure tenue et transparence des comptes à travers le suivi de l’utilisation des outils de gestion, la restitution des activités et des comptes en Assemblée Générale, la production des états intermédiaires, la production des états financiers, le suivi du plan de rééchelonnement des dettes de l’OP,…. Ces appuis concernent des OP de type 3, puis de type 4.

En contrepartie de ces appuis, les OP adhérentes à Faranfasi so payent une cotisation différenciée par type : de 75 000 FCFA pour les OP de type 1 à 350 000 FCFA pour les OP de type 4. Toutefois le montant de ces cotisations ne parvient pas à couvrir le coût réel du service rendu.

Quelques remarques :
- en décembre 2001 les impayés des 5 centres s’élevaient à 514 309 303 FCFA. En fin 2005 les adhérents des Centres restaient redevables de 362 millions FCFA aux institutions financières. La situation des dettes reste encore assez complexe car liée parfois à l’absence de contrat de prêt et à de nouvelles adhésions. Ainsi les impayés cumulés des cinq centres varient d’une année à une autre. Sur ces dernières années, les OP des centres ont remboursé près 167 millions de FCFA d’impayés aux institutions de financement. La Fédération et les Centres doivent toujours continuer à fournir des efforts pour épurer l’intégralité de ses dettes. Le temps de désendettement d’une OP est fonction du niveau d’endettement. Par exemple 18 OP ont remboursé la totalité de leurs impayés d’un montant de 86,246 millions de FCFA en trois ans. Il s’agit d’organisations où le niveau d’endettement moyen ne dépasse pas 5 millions de FCFA.
- L’indice de cohésion sociale se mesure à travers la réalisation correcte des activités de réunions de l’OP, la participation des membres aux réunions et le respect des statuts et règlement intérieur, le remboursement des dettes dans le délai contractuel. Les OP membres des centres Faranfasiso ayant une mauvaise cohésion sociale sont généralement de type 1 et 2. Cependant, certaines OP de type 3 peuvent se retrouver dans cette situation en raison des problèmes très souvent politiques. En moyenne, en quatre ans d’appui, les OP de cohésion très faible passe en cohésion passable, et en deux ans d’une cohésion passable à une cohésion jugée bonne.
- Le crédit de campagne concerne essentiellement les engrais (urée et complexes) et les frais de repiquage du riz. La facilité d’accès au crédit de campagne est fonction du taux de remboursement du crédit obtenu en année N-1 et de l’affiliation de l’OP à une caisse rurale. Les instituions de financement octroi environ 3 milliards de FCFA en zone Office du Niger comme crédit de campagne. Les adhérents de Faranfasiso bénéficient en moyenne de près de 30% de ce crédit.
- L’acquisition de matériels agricoles par les OP est un indicateur important de satisfaction et de la viabilité d’une OP. En 2008, plus de 90 millions de FCFA ont été investis dans les matériels agricoles essentiellement en batteuses et magasins de stockage de riz contre 43 millions en 2007 et 139 millions en 2006.

LE CONSEIL A L’EXPLOITATION FAMILIALE : un outil pour aider les exploitants Agricoles à mieux gérer leur exploitation.

Le Conseil à l’Exploitation Familiale (CEF) est une démarche permanente d’accompagnement d’exploitants Agricoles volontaires qui souhaitent moderniser leurs exploitations afin de vivre décemment de leur métier. L’aspect formation de groupe y est prépondérant et comprend notamment l’apprentissage de méthodes et d’outils pour la collecte des données concernant l’exploitation et la famille (inventaire, caisse, flux mensuels de trésorerie, stocks de produits et d’intrants, utilisation de la main d’œuvre, etc.), l’analyse des indicateurs de performance (marge brute, coût de production, etc.), la prévision (plan de campagne, budget de trésorerie, compte d’exploitation prévisionnel, ect.). Ces formations de groupe sont complétées par un suivi individuel des conseillers, afin d’approfondir les enseignements reçus en séances de groupe et de contrôler la qualité du remplissage des documents. La discussion autour des indicateurs technico-économiques (marge brute, coût de production, rémunération du travail, etc.) permet d’identifier les points faibles du système d’exploitation et de rechercher les solutions pour en améliorer le fonctionnement.

Depuis 2006, dans le cadre du Programme d’Appui au Développement économique de la zone Office du Niger (PADON) financé par l’Agence Française de Développement, la Chambre Régionale d’Agriculture (CRA) de Ségou a délégué à Faranfasi so la mise en œuvre du Conseil à l’Exploitation Familiale en zone Office du Niger. Cinq conseillers de Faranfasi so sont mobilisés à temps plein pour dispenser cette démarche, et aujourd’hui 33 groupes, représentant 346 exploitants Agricoles, y adhèrent.

La CRA de Ségou et Faranfasi so tirent aujourd’hui les premières leçons de cet appui. Ils constatent ainsi que le CEF a induit progressivement des changements de comportement permettant aux adhérents de faire évoluer :
- leurs pratiques techniques : application de l’itinéraire technique conseillé, meilleure maîtrise des doses d’engrais à appliquer et de semences à utiliser, ayant comme conséquence une augmentation souvent significative des rendements (de 0,4 t à 1,5 t/ha selon les témoignages recueillis)
-  leurs pratiques financières : prévision budgétaire, maîtrise des dépenses, calcul de la rentabilité des activités, etc. Tous les exploitants rizicoles interrogés témoignent d’une rationalisation de leurs charges de production : diminution des engrais (de 8 à 9 sacs/ha à 6 sacs combinés à de la fumure organique), diminution des semences (de 75 kg/ha à 50kg/ha), limitation de la main d’œuvre salariée grâce à une meilleure utilisation de la main d’œuvre familiale,…
- leurs pratiques sociales : meilleure gestion des récoltes de riz et priorisation des dépenses de la famille (grâce à une prévision de l’autoconsommation familiale et des dépenses obligatoires comme le remboursement du crédit engrais et le paiement de la redevance eau), ect.

Le CEF semble donc contribuer à améliorer le niveau de vie du producteur, avec comme résultats indirects chez certains un meilleur niveau d’équipement et un désendettement progressif.

Pour apporter les impacts escomptés, le CEF doit être dispensé et suivi dans la durée, ce qui implique, pour les exploitants un engagement fort et une assiduité continue à remplir quotidiennement les outils de gestion, ect… et pour la CRA de Ségou une obligation à trouver les financements permettant de sécuriser le dispositif sur le long terme. En effet, l’écart entre le coût réel de l’appui annuel apporté par Faranfasi so à un adhérent en CEF, estimé à plus de 65 000 FCFA, et la cotisation individuelle perçue de 10 000 FCFA par an, est comblé par la CRA de Ségou sur les financements perçus dans le cadre du PADON. Cette démarche coûte chère, mais la CRA, au regard des progrès constatés chez les exploitants suivis en CEF, juge qu’elle les vaut bien. La CRA de Ségou encourage d’ailleurs les exploitants de la zone Office du Niger qui souhaitent tirer un maximum de revenus de leur exploitation à se rapprocher de Faranfasi so et à adhérer à cette démarche.

L’APPUI-CONSEIL AUX GROUPEMENTS FEMININS

Ces appuis concernent exclusivement les groupements féminins (organisations de classe 2 suivant la nomenclature de Faranfasi so) et sont réalisés à l’heure actuelle par 5 conseillers aux groupements féminins, renforcés au besoin par les conseillers en gestion et les conseillers juridiques.

Cet appui-conseil comporte notamment :
- l’identification des besoins d’appui et de formation à travers des diagnostics auprès des groupes de femmes,
- la formation technico-économique des agricultrices à partir des besoins exprimés,
- une aide aux responsables visant à améliorer le fonctionnement de leurs organisations,
- la mise en place des outils de gestion en collaboration avec le conseiller assistant en gestion et le conseiller EF,
- l’élaboration et la restitution des comptes des adhérents,
- la participation à la négociation et à l’organisation des approvisionnements en intrants et équipements,
- la préparation des dossiers de financement et leur suivi,
- l’appui au recouvrement des dettes internes et externes.

Il est rendu à travers un suivi régulier des groupements féminins constitués (au moins une fois par mois).

En contrepartie de cet appui, les groupements féminins adhérents à Faranfasi so payent une cotisation de 50 000 FCFA.

Les Groupements Féminins sont de plus en plus intéressés par les appuis conseils dispensés par Faranfasi so. L’effectif des groupements est ainsi passé de 37 à la fin 2007 à 151 au 31 décembre 2010. Cette dynamique s’explique par la facilité d’accès au crédit bancaire dont bénéficient les groupements membres de Faranfasi so. En effet, au niveau de la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA), l’adhésion des groupements féminins à Faranfasi so est devenue une condition nécessaire, mais non suffisante, pour l’octroi d’un crédit. Ainsi en 2010, Faranfasi so a accompagné 78 groupements féminins à obtenir 106 400 000 FCA de crédit contre 114 250 000 FCFA en 2009. Ces prêts ont essentiellement servi au financement des intrants et à la commercialisation des échalotes et du riz.

L’ALPHABETISATION FONCTIONNELLE

Les formations en alphabétisation concernent les responsables des organisations paysannes, les équipes techniques et les auditeurs libres. Ces formations portent notamment sur :
- le recyclage sur les outils de gestion pour les responsables et équipes techniques des OP
- la formation sur la méthode de contrôle interne des membres de comité de surveillance

En 2010, 160 animateurs villageois d’alphabétisation en bamanan, dont 60 femmes, ont été formés à divers thèmes liés à l’animation des centres d’alphabétisation.


Une diversification progressive des services rendus

Faranfasi So est à l’heure actuelle reconnue pour la qualité d’un certain nombre d’appuis conseils qu’elle rend à des organisations paysannes et à des producteurs. Ces appuis s’organisent dans un cadre cohérent en prenant des OPA à la base ayant des difficultés et en les faisant passer progressivement à un niveau où elles peuvent envisager de se développer. Certains de ces appuis relèvent de missions de service public, notamment au niveau de l’alphabétisation, du conseil à l’exploitation familiale et des activités auprès des groupements féminins et des OPA en difficultés.

Ces conditions d’intervention font, qu’en l’absence d’une masse critique d’OPA et de producteurs performants, le dispositif Faranfasi so, appuyé financièrement depuis de nombreuses années, est loin d’être autonome, les cotisations ne couvrant qu’une très faible part des besoins financiers de la fédération et des Centres.

Faranfasi so, appuyé dans ses réflexions par la CRA de Ségou, a donc défini au cours du deuxième semestre 2009, les grandes orientations stratégiques qu’elle souhaitait adopter pour les cinq prochaines années dans le but de sécuriser la structure et de dynamiser son développement.

Sur la période 2010-2014, les élus de Faranfasi so ont notamment fait le choix de :
- consolider les services d’appui-conseil qui la fondent (alphabétisation, appui aux OP endettées, et conseil à l’exploitation familiale) et toucher un plus grand nombre d’OP sur ses zones d’intervention actuelles, tout en ouvrant deux nouveaux centres (sur Ké-Macina et Béwani)
- innover, en proposant de nouveaux services à ses membres qui s’inscrivent dans une logique d’équilibre financier de la structure : fourniture de semences, commercialisation du riz paddy et étuvé. Pour affiner son approche et garantir sa viabilité, la Fédération souhaite dans un premier temps répondre dans un rôle de mandataire à la demande de ses OPA adhérentes, de les appuyer dans l’achat d’intrants et la commercialisation. Dans les années futures, et, forte de cette expérience de mandataire, la Fédération pourrait évoluer vers une union de coopératives assurant notamment l’approvisionnement de ses membres et la commercialisation de leurs productions.


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